Homélie de Monseigneur Grégoire à Béthanie à l'occasion de son sacre

Messeigneurs, frères et sœurs en Christ,

Il y a une vingtaine d’années il y eut une ordination dans notre monastère et j’avais invité un de nos amis, prêtre catholique, à y assister. En sortant il m’a fait cette remarque inattendue : « j’ai eu l’impression d’assister à un accouchement ; rien n’y manquait, ni les médecins accoucheurs, ni les infirmiers… » Depuis chaque fois que j’assiste à une ordination, cette remarque me revient à l’esprit. Aujourd’hui plus encore.

En effet nous avons assisté véritablement à une naissance, une re-naissance plus exactement, celle de l’antique Eglise des Gaules ; nous avions annoncé sa conception, en quelque sorte , le 11 novembre dernier en l’établissant juridiquement, mais à présent, dans la personne de son évêque, elle vient de re-naître sacramentellement.

Je vais donc tout d’abord m’adresser aux sages-femmes, en l’occurrence mes pères et frères dans l’épiscopat.

Révérendissimes Pères et Frères très chers, l’histoire retiendra que vous avez aujourd’hui posé un acte courageux, et, selon la formule de l’Ecriture, cela vous sera imputé à justice. Dire que nous vous en sommes reconnaissants serait bien faible, notre gratitude va au-delà des paroles et nous la confirmerons par des actes. Cette communion des Eglises Orthodoxes Occidentales, sans confusion, ni séparation, que nous désirons instituer entre nos trois Eglises, nous y participerons de toute notre âme et de toutes nos forces, et ce ne sera point « une union de circonstances » mais obéissance au commandement du Christ, enrichissement spirituel, et image prophétique de l’Eglise des temps à venir.

Et maintenant je m’adresse à vous tous, les membres de cette Eglise ; à votre propos je pense à la parole du Christ dans saint Matthieu : « Tout scribe instruit de la doctrine du royaume des cieux est semblable à un maître de maison qui tire son trésor du neuf et de l’ancien ». Oui, cette Eglise renaissante est ancienne et nouvelle à la fois.
Quelle responsabilité que cette re-naissance !

Nous célébrons aujourd’hui la mémoire de saint Lazare, l’ami du Christ, le ressuscité de Béthanie, l’un des premiers missionnaires et évêques des Gaules selon la tradition provençale ; voyez-là un clin d’œil de l’Esprit Saint, comprenez le message.

Cette mission, notre mission ne fait que commencer, et quelle mission : vous l’avez entendu par la bouche d’Isaïe le prophète, que saint Luc a cité dans l’Evangile d’aujourd’hui : Toute chair verra le salut de Dieu. Dans notre siècle cette sentence fait plutôt sourire…Et pourtant cette communion de nos Eglises, dont je parlais à l’instant est l’un des instruments de ce salut ; il y en a d’autres, comme l’approfondissement de notre foi et de notre vie spirituelle personnelle, source de rayonnement, témoignage de la résurrection du Christ, compassion pour ce monde malade et en quête de Dieu.

Quant à moi, pauvre Grégoire, pécheur, je mesure toute la grandeur de cette tache et toute la faiblesse de ma personne ; je vois les champs mûrs pour la moisson, je vois une récolte abondante à venir, c’est pourquoi je me tourne vers Toi, Christ, mon maître :

Comme Tu as envoyé jadis les ouvriers nombreux dans tes champs et dans tes vignes, depuis Lazare, Irénée, Blandine, Hilaire, Martin, Germain, Amand, Servais, et bien d’autres encore, et jusqu’à Eugraph et Maxime Kovalevsky, envoie aussi maintenant à ta moisson des ouvriers plein de zèle, de courage et de joie.

Et surtout sur ton Eglise des Gaules répands la rosée céleste de ton Esprit vivifiant, Celui qui renouvelle la face de la terre, par les prières de ta Mère toute sainte et de nos pères dans la foi. A Toi louanges et gloire maintenant et toujours et aux siècles des siècles.

Amen

+ Grégoire

 


accueil