Pour une orthodoxie occidentale :
fondements et témoignages

PETITE HISTOIRE DU PRINCIPE DE LA DIVERSITE DES RITES
DANS L'UNITÉ DE LA FOI

Par le terme rite nous désignons tout un complexe de la vie liturgique : le calendrier solaire et lunaire, les dates des fêtes et des saints honorés, les péricopes des lectures, les jeûnes hebdomadaires et annuels, la structure des services divins, le partage des psaumes et des chants, les mélodies, la manière de célébrer (gestes, encensements), la liturgie eucharistique, les autres sacrements, l'habillement du clergé dans l'église et en ville, la pratique de la communion : sa fréquence et ses conditions etc., en un mot, tout ce qui concerne la prière publique et la piété ecclésiale.

Par le terme foi, nous embrassons non seulement le minimum des dogmes essentiels du christianisme, mais la plénitude de la foi orthodoxe. Lorsque nous disons : foi, nous entendons en plus de l'adhésion intellectuelle, la foi vécue, illuminant notre existence. Le culte de l'Eglise est appelé à introduire le peuple pieux dans la plénitude de la foi orthodoxe, au moyen des textes sacrés de la Bible et des paroles inspirées des Pères pneumatophores.

Par le terme Eglise orthodoxe, nous entendons l'Eglise chrétienne demeurée fidèle à l'Eglise des temps apostoliques et des Pères des trois premiers conciles œcuméniques, sans hérésie ni limitations de la Vérité révélée, ni diminution de la grâce et de la puissance du Saint-Esprit.

C'est l'Esprit-Saint qui la guide et l'inspire continuellement depuis vingt siècles sans déviation ou amoindrissement de la plénitude de la foi. Tel est notre credo, telle est la foi orthodoxe.

Si l'Eglise orthodoxe est la vraie Eglise du Christ, fidèle aux Apôtres et aux conciles œcuméniques, elle est aussi celle des rites divers, de tradition orientale ou occidentale, dans l'unité de la foi. Actuellement, à la suite d'accidents historiques, elle se trouve composée, par excellence, de peuples orientaux et le rite byzantin s'y avère prédominant. C’est seulement dans les Eglises orthodoxes pré-chalcédoniennes (Eglise copte, arménienne, syriaque, éthiopienne …) que la diversité des rites est restée une réalité vivante. Cette prédominance du rite byzantin ne peut servir d'argument pour écarter les autres rites. Accepter la thèse erronée d'une Eglise orthodoxe seulement orientale et byzantine, serait une faute grave et le chemin ouvert à des hérésies ecclésiales. En effet, si la vocation universelle de l'Eglise orthodoxe est limitée, elle cesse d'être l'Eglise telle que le Christ l'a voulue et que les Apôtres la prêchèrent, elle devient, non la vraie Eglise, mais une des Eglises plus ou moins vraie parmi d'autres Eglises, et l'unité de foi est brisée. En résumé, l'Église orthodoxe étant la continuatrice de l'Eglise indivise, reconnaît la diversité des rites et des coutumes dans l'unité de la foi.

En 1872, le Saint-Synode de l’Eglise orthodoxe russe sur l’initiative du futur Patriarche de Moscou, Saint Thikon, alors archevêque d’Amérique, permettait à des communautés d'Amérique de célébrer le rite occidental et proposait un texte du rite romain avec rectifications. Parallèlement, le Saint-Synode bénissait le rite des Gaules restauré à la même époque par l'archiprêtre Vladimir Guettée, prêtre romain devenu orthodoxe, rite qu’il célébrait à Moscou.

La décision de 1872 de l'Eglise russe vis à vis de l'Amérique fut appliquée à partir de 1958 par le Patriarcat d'Antioche à des communautés américaines d'origine anglicane ou vieille-catholique et cela jusqu’à nos jours.

Entre les deux guerres, l'Église autocéphale de Pologne accueillait les Polonais dans l'Orthodoxie en leur laissant leurs rites et coutumes, ceci avec le consentement du Patriarcat de Constantinople qui lui avait accordé l'autocéphalie. Malheureusement, après la guerre et à la suite de la démission du métropolite Dionissios, sous la pression d'éléments russes et la russification intense de l'Eglise orthodoxe de Pologne, les Orthodoxes polonais se joignirent à l'Eglise vieille-catholique. L'Eglise autocéphale polonaise est devenue une Eglise russe en territoire polonais.

Rappelons le Décret du 16 juin 1936 du Patriarche Serge de Moscou, décret qui en accueillant Mgr Winnaert et son Eglise dans l’orthodoxie ouvrait la porte à l'Orthodoxie Occidentale puisque le même décret autorisait le rite occidental et demandait que ces paroisses prennent le nom « d’Eglise Orthodoxe Occidentale » .

En 1959 les communautés du Père Eugraph Kovalevsky furent accueillis par Saint Jean de San Francisco dans l’Eglise russe hors-frontière avec l’Ancien Rite des Gaules. Saint Jean de San Francisco étant l’évêque diocésain des Français présida une commission de révision du rite et célébra lui-même à Paris et en province le rite des Gaules puis sacra en 1964 le Père Eugraph comme évêque de Saint-Denis.

En 1962, aux Etats-Unis, la congrégation bénédictine Notre-Dame du Mont Royal fut reçue dans l’Eglise russe patriarcale avec son rite occidental, puis en 1975 dans l’Eglise russe hors-frontière. Aujourd’hui elle a essaimé en Australie où l’on retrouve aussi des paroisses occidentales antiochiennes.

En 1972 l’Eglise Catholique Orthodoxe de France est reçue avec le rite selon St Germain par le Patriarcat roumain qui lui sacre un évêque..

Enfin, rappelons en l’an 2000 l’accueil de paroisses avec le rite des Gaules dans l’Eglise Orthodoxe Copte Française par le Métropolite Abba Marcos, confirmé par Sa sainteté le Patriarche Shenouda III, autorisant officiellement la célébration du rite des Gaules en 2001.

Nous pouvons conclure, en conséquence, que "la nuée des témoins" a confessé la légitimité des différents rites et des différentes coutumes locales, dans l'unité de la foi à quoi s’ajoute dans les communautés de l'Eglise Orthodoxe des Gaules, de l’Eglise Orthodoxe Française, de l'Eglise Orthodoxe Celtique, de l'Eglise Orthodoxe de France la réalité d’une célébration régulière depuis 60 ans. (lex orandi).



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