La date de la fête de l’Annonciation par l'évêque Grégoire |
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L’établissement
de la Fête de l’Annonciation [lat. Annuntiatio sanctæ
Mariæ, gr. ou
à la date du 25 mars est relativement tardive ; cette date ne s’est
imposée partout qu’en 692 au concile in Trullo (canon 52). |
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Pourquoi cette date ? Un simple calcul permet de comprendre que le 25 mars se trouve à neuf mois du 25 décembre, date à laquelle on célèbre la naissance du Christ. C’est donc dans le but évident d’affirmer la nature humaine de Jésus que l’on aurait fait appel à cette date « biologique ». Toutefois l’établissement de la fête de Noël au 25 décembre ne date que du 4ème siècle – au plus tôt. A Rome en 337, à Antioche en 377, à Constantinople en 380, à Alexandrie en 432 et à Jérusalem vers 450… Cette date du 25 décembre fut choisie pour concurrencer la fête païenne du solstice (dite du « Sol invictus ») suivie des 5 jours des Saturnales pendant lesquels des débordements immoraux se multipliaient, à Rome en particulier.. Qu’en était-il auparavant (avant 692) ? Certes la commémoration de l’Annonce de l’archange Gabriel à Marie est beaucoup plus ancienne et, bien que saint Augustin connaisse déjà à ce sujet la date du 25 mars, les livres liturgiques occidentaux nous donnent d’autres dates… fondées sur d’autres considérations que la simple biologie. En Espagne, jusqu’à une époque relativement récente (XIème siècle) on célèbre la fête le 18 décembre sous le titre « dies sanctæ Mariæ » [jour de sainte Marie] (1). A Milan la commémoration de l’Annonciation est affectée au 6ème dimanche de l’Avent, de même à Aquilée (2) et en Campanie (Italie du Sud). A Ravenne saint Pierre Chrysologue (évêque de 433 à 451) nous atteste dans une homélie que l’Annonciation à Marie par l’archange Gabriel se célébrait le 24 décembre, vigile de la Nativité. A Rome même, l’événement évangélique était commémoré à la liturgie du mercredi des Quatre Temps de l’Avent (mercredi de la dernière semaine de l’Avent). Pour la Gaule proprement dite, nous n’avons aucun témoignage direct. On sait seulement, par saint Grégoire de Tours (évêque de 573 à 594), qu’une fête de sainte Marie se célébrait le 18 janvier (3). On ignore toutefois de quelle fête mariale il s’agissait (4). Le Missel de Bobbio note aussi une fête mariale pendant la même période (c’est-à-dire dans le temps après l’Epiphanie). Toutefois on peut inférer, d’après le calendrier des autres fêtes que la Gaule suivait un système proche de celui de Milan et de l’Espagne et que la fête de l’Annonciation se célébrait, là comme dans toute l’aire « d’usage gallican », pendant la période de l’Avent proche de Noël. Il est intéressant de noter également que le rite byzantin fait mémoire de la vierge Marie pendant l’octave de la Nativité sous le titre « Synaxe de la Mère de Dieu ». Actuellement l’Annonciation est fêtée le 25 mars ; cette solennité tombe toujours pendant le grand Carême - et quelquefois même pendant la Semaine Sainte – ce qui ne laisse pas de poser des problèmes liturgiques, tant au niveau des textes (pas d’Alleluia) qu’au niveau de l’esprit qui préside à cette fête. La paroisse de Montpellier (Castelnau-le-Lez) par exemple, étant sous le vocable de l’Annonciation célèbre sa fête paroissiale la plupart du temps pendant la période de jeûne… les personnes les plus soucieux de justesse se trouvent mal à l’aise dans des agapes où l’on rompt le jeûne en plein carême (ce qui est naturel…). Lorsque le 25 mars tombe pendant la semaine sainte (voire le jour de Pâques !), le liturgiste en charge du calendrier liturgique doit faire des acrobaties pour reporter cette fête pendant la semaine suivante et lui trouver une date conforme à sa « dignité »… Pour tous les motifs ci-dessus, pour être dans l’esprit même de notre rite des Gaules et pour être en accord avec notre principe de toujours être fidèle aux usages de nos premiers pères, il nous a semblé nécessaire de déplacer définitivement la fête de l’Annonciation au 6ème dimanche de l’Avent. Ce que nous ferons à partir du dimanche 23 décembre 2012. Les textes
du temps de l’Avent devant être réédités
pendant l' année 2012 tiendront compte de ce changement. |
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1. Liber Mozarabicus
Sacramentorum
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