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A propos de la traduction du Notre Père
un article de Monseigneur Grégoire


Lors de mon récent pèlerinage à Jérusalem j’ai visité sur le Mont des Oliviers la grotte dite du « Notre Père » et le sanctuaire dédié à la Prière du Seigneur. Dans la galerie qui entoure cette église on trouve, en mosaïque la traduction du « Pater » dans toutes les langues du monde (ou presque). J’ai été frappé par la multitude des traductions de cette prière et par la pauvreté de la traduction française par rapport à la plupart des autres langues… Déjà en octobre 2005 un article a été publié sur un site Internet orthodoxe sur ce sujet. On trouvera dans l’article qui suit les remarques et études que j’avais publiées en 1990 dans mon cours sur l’Histoire de la Liturgie. (1)

1. La structure du Notre Père

« Nul n’ignore l’importance de cette prière que Jésus lui-même donne comme modèle de la prière liturgique. Il faut faire ici une remarque valable pour l’ensemble de la liturgie chrétienne : la spiritualité chrétienne se manifeste sous deux formes de prières : l’une, celle de l’esprit, est informulée, et c’est celle du Christ lui-même, quand il se retire, solitaire, sur la montagne. C’est celle aussi qu’il recommande et que Dieu récompensera car « Il voit les choses cachées », et il ne faut jamais perdre de vue la nécessité de cette prière intérieure informulée — parfois un simple soupir... L’autre prière, qui est prononcée, s’incarne dans un son « quand deux ou trois sont réunis au nom de Dieu ». Dès lors, il y a « liturgie » c’est-à-dire « œuvre commune » à laquelle tous les principes de la liturgie viennent s’appliquer, principes qui font appel à une démarche artistique, car le fait même de formuler une pensée en mots est un art par lui-même. La prière liturgique est donc bien un art dont le Notre Père nous donne un exemple d’un raffinement incomparable, et qui mérite une étude approfondie. » (Maxime Kovalevsky)

Le texte du Notre Père nous est parvenu sous deux formes, une recension longue dans Mt 6*9-13 et une plus courte dans Lc 11*1-4. L’usage liturgique n’emploie que la recension longue de Matthieu ; de plus nous connaissons au moins deux manuscrits anciens qui ajoutent à la fin du texte une doxologie : «car c’est à Toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire, aux siècles des siècles. Amen».

Depuis le début du 20ème siècle cette doxologie a été supprimée des évangiles traduits en français ; il y eut à son sujet une longue polémique ; finalement, grâce aux progrès des connaissances en matière d’usages liturgiques juifs aux temps évangéliques, les exégètes sont presque unanimes à penser que le Christ a bien prononcé cette doxologie, car c’est une formule quasi-obligatoire pour finir une prière juive.

Le texte original du Notre Père est en grec, car il ne nous a pas été conservé en hébreu, ni en araméen. Le Notre Père a bien existé en hébreu. Le texte hébreu actuel est une re-traduction, une «rétroversion» à partir du texte grec de saint Matthieu.


En grec, dans l’Evangile de saint Matthieu il se présente en douze formules (ou récitatifs) distribuées en deux strophes de six formules chacune, [en hébreu : 36 mots (4 fois 9 mots)]


En voici un décalque français ( a ) :

1 Père à nous qui [es] aux cieux 2 sanctifié [soit] le Nom de Toi
   
3 Vienne le règne de Toi 4 accompli [soit] le vouloir de Toi
   
5 comme au ciel 6 ainsi sur terre.
   
7 Le pain de nous sur-essentiel 8 donne-nous aujourd’hui
   
9 remets les dettes de nous 10 comme nous avons remis aux débiteurs de nous
11 et nous laisse pas entrer dans la tentation 12 mais délivre nous du malin.
   
car c’est à Toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire
aux siècles des siècles. Amen.

Un simple coup d’œil permet de découvrir la construction :

le premier récitatif répète la formule « de Toi » ; appelons-le « dans le ciel de Toi » ; il est en rapport direct avec Dieu et le ciel ; il se termine par le mot terre qui est l’agrafe permettant de passer au deuxième récitatif.

Celui-ci pourrait s’appeler : « sur la terre de nous » car il est plus en rapport avec l’homme et la terre.

Il faut aussi remarquer que chaque récitatif commence par une expression parallèle :

Notre Père ……… notre pain…

Cette magnifique construction s’est perdue dans nos traductions modernes (elle subsiste toutefois en latin)

« mais cette prière reste « divine » parce qu’elle a été dictée par Dieu lui-même : elle possède une force réelle et renferme à elle seule tous les éléments de la prière liturgique : communion, sacrifice, mémorial et action de grâce. » (Maxime Kovalevsky)

De ces formules qui paraissent si nouvelles, aucune n’est originale (on a pourtant l’impression que le Christ les a composées à l’intention de ses disciples) ; elles existent toutes dans l’Ancien Testament. Mais ici elles sont agencées d’une manière nouvelle, avec un ordre nouveau, une hiérarchie nouvelle, une initiation, une démarche particulière où le ciel sert de modèle à la terre.

On trouve dans les Targoums (traductions araméennes de la Bible) toutes les formules présentes.

Exemples :

Notre Père qui es aux cieux :
– Targoum d’Esther : Votre Père qui est aux cieux…
– Targoum de Jérusalem : leur père qui est aux cieux…

Que ton Nom soit sanctifié :
– Targoum d’Isaïe : ils sanctifieront Mon Nom et Je sanctifierai Mon Nom.

Que Ton règne arrive :
– plusieurs autres targoumim : que vienne le règne du Messie.

Que ta Volonté soit faite :
– Targoum du psaume 40 : fera-t-Il sa volonté ?

Pour ce qui concerne le pain des cieux ou pain du « Jour-qui-est-venant » ( b ), cette expression se trouve telle quelle dans plusieurs midrash, c’est-à-dire des commentaires rabbiniques de l’époque évangélique. Ainsi les apôtres en entendant ce texte n’ont sans doute pas eu l’impression de quelque chose de nouveau, ils avaient déjà entendu toutes ces phrases, elles leur semblaient familières.

Cela donne au Notre Père une dimension différente, historique, quasi cosmique et nous révèle cette immense architecture à laquelle le Christ pensait sans doute en le récitant. Cela permet de comprendre que la liturgie fonctionne de cette manière, par des sortes d’échos ou d’allusions.

2. Quelques difficultés de traduction : ( c )

Phrases 1 & 2

Ces deux premières phrases ne posent aucun problème notable.

Phrase 3

Cette troisième phrase « Que Ton règne vienne (ou arrive) » est plus délicate.
Comment traduire les mots hébreux « Malkhouta » ou grec « Vassilia » qui en français signifient à la fois « royaume », « règne » et « royauté » ?

Nous avons donc trois mots en français pour en traduire un seul de l’hébreu ou du grec.

On peut d’emblée écarter « royauté » car « vienne Ta royauté » n’aurait pas grand sens, mais « règne et royaume » sont à étudier. « Royaume » a un sens plus géographique, plus spatio-temporel ; «règne» est une notion un peu plus abstraite, plus morale. Le mot prononcé par le Christ avait les deux sens à la fois.

Le verbe « venir » traduit mieux le verbe grec « : elthato » que le verbe « arriver ».

Phrases 5 & 6

« Comme au ciel, ainsi sur terre »

Si l’on retourne la phrase – comme c’est toujours le cas en français – en disant : « sur la terre comme au ciel », on détruit la structure voulue par le Compositeur, en l’occurrence le Rabbi Yeshoua de Nazareth, qui a mis « terre » à la fin et « ciel » au début pour raccrocher le deuxième récitatif. De plus, il est évident que le ciel passe avant la terre, et lui sert de modèle. (Le français est la seule langue au monde à avoir fait cet inutile retournement !)

Cette phrase, d’ailleurs, semble ne pas être liée exclusivement à « Que ta Volonté soit faite » mais à tout ce qui précède.

Phrase 7 « Notre pain substantiel »

Grave question quasi insoluble ! ( d )

Nous disons : « donne-nous aujourd’hui notre pain substantiel, » quelques-uns ont dit depuis le 17ème siècle : « Notre pain quotidien » et le grec dit – littéralement : « le pain, le nôtre, epiousion » mot qui fait difficulté.

Ce mot a deux sens possibles :

– le sens ordinaire, celui de la langue courante, en est : « nécessaire, indispensable », c’est pourquoi on a pris ce sens dérivé : « de chaque jour. » C’est le sens que le grec actuel donne à ce mot, mais à l’époque du Christ il avait probablement un autre sens.

– un sens obtenu en décomposant le mot : on trouve le préfixe « epi » qui est traduit en latin par «super» (au-dessus) et «ousios» littéralement « l’essence », dérivé du verbe être. On peut donc traduire : « qui est au-dessus de l’être ».

L’évêque Jean de Saint-Denis avait opté pour « substantiel », qui est en fait « super-substantiel » ou «super-essentiel». Il est probable que le Christ a prononcé un mot hébreu qui avait ces deux sens. (Les jeux de mots sont fréquents dans la Bible.)

Le Père Carmignac est un des partisans de ce double sens que le Christ a dû utiliser : c’est en même temps un « pain nécessaire » et un « pain du jour qui vient » (en hébreu : hayom haba). Nous demandons dès aujourd’hui ce pain du lendemain et il y a sans doute là allusion au Jour avec un grand "J" ou à l’Eucharistie.

L’évêque Jean nous précise bien que le seul pain essentiel pour l’homme c’est l’Eucharistie, le Corps même du Verbe de Dieu.

Phrases 9 & 10 « Remets-nous nos dettes »...

Dans nos traductions nous avons : «remets-nous nos dettes comme nous remettons à nos débiteurs.» Maxime Kovalevsky insistait sur le fait qu’il n’y avait pas simultanéité, mais que notre remise précédait celle de Dieu : « Si nous ne savons pas remettre aux autres, nous ne serons pas capables de recevoir la remise ». Il faut donc bien préciser dans le texte que « nous avons remis » ; cette rémission se passe avant la demande ; avant de demander au Père de nous remettre nos nombreuses dettes il est indispensable que nous remettions les dettes à nos débiteurs.

Certains puristes, sous prétexte que le verbe « remettre » exige un complément, ont voulu dire «Remets-nous nos dettes comme nous les remettons à nos débiteur» ! Ce « les » est si ambigu qu’il vaut mieux le supprimer. Maxime Kovalevsky faisait remarquer que cette tournure pouvait être comprise comme : « Remets-nous nos dettes comme nous remettons nos dettes à nos débiteurs ! » Ce qui est absurde ! D’ailleurs le verbe remettre en français peut s’employer sans complément tel que dans l’expression : « je vous remets... vous êtes untel ! » c’est-à-dire « je me souviens de vous... je vous reconnais. »

Il vaut mieux passer sous silence la traduction « pardonne-nous nos offenses… » qui est malheureusement fort répandue et qui, non seulement, n’a pas le moindre rapport avec le texte original, mais est quasiment blasphématoire… Dieu est au-delà de l’offense ! Il est plus que regrettable que cette formule ait été choisie pour la traduction «œcuménique de la Bible en français».

Phrase 11 « Ne nous soumets pas à l’épreuve... »

Le premier problème est le suivant :

Dieu peut-Il soumettre quiconque à la tentation ou même à l’épreuve? Encore le mot « épreuve » peut-il être compris dans le sens où Saint Paul l’emploie, c’est-à-dire quelque chose de difficile mais que nous avons la force de supporter, mais le mot « tentation » ...

Le texte dit littéralement : « Fais pas entrer nous dans la tentation ».
Depuis le début du « Notre Père » remarquons bien qu’il n’y a que des phrases positives, pourquoi tout à coup une phrase négative « ne nous soumets pas » ?

Voici une explication possible, et même probable :

Il faut tout d’abord savoir que les langues sémitiques possèdent trois formes de conjugaison :
– la forme normale, le mode direct, où par exemple le verbe « tuer » a le sens de tuer.
– la forme intensive où le verbe « tuer » prend le sens de « massacrer » (tuer beaucoup).
– la forme causative qui donne pour notre exemple : « faire tuer ». ( e )

Si le Christ a utilisé cette forme causative du verbe « entrer » dans sa tournure négative, cela donnerait : « fais que nous n’entrions pas... » et non : « ne fais pas que nous entrions... » Les traductions ont mal placé la négation, elle doit être, liée au verbe « entrer » ou « succomber » ou «être soumis» mais en aucun cas au verbe « faire ».
La bonne traduction deviendrait donc : « Fais que nous n’entrions pas dans la tentation. »

Deuxième problème :

Dans nos traductions habituelles on trouve « Ne nous soumet pas à la tentation », mais en grec c’est la préposition « eis » [] qui est utilisée et qui se traduit par dans (à l’intérieur) ; le latin également emploie bien in qui veut dire dans. Même la formule « ... entrer en tentation » n’a pas tout à fait le même sens. Entrer dans la tentation a un sens bien précis : c’est accepter cette tentation.

Le Père Carmignac insiste beaucoup sur ce détail car, dit-il, on demande à Dieu de ne pas nous laisser venir volontairement dans la tentation, c’est l’idée de consentement qui domine et que l’on oublie, hélas, de traduire.

On devrait dire : « Fais que nous ne consentions pas à la tentation. »

La meilleure traduction en français, qui préserve la forme positive et l’idée de consentement serait : «Garde-nous d’entrer dans (ou de consentir à) la tentation».

Phrase 12 « Mais délivre-nous du malin »

Cette phrase est le complément de la précédente. Il y a un balancement entre les deux phrases, une véritable dialectique qui pourrait se traduire par : « Ne nous laisse pas entrer dans la tentation SANS nous délivrer du malin ! » On ne peut en aucun cas séparer les deux propositions.

Le verbe grec « rysai » [] se traduit mieux par « écarte-nous » que par « délivre-nous » ou encore comme en hébreu par « arrache-nous ».

Le malin ( en grec : poneros) est employé dans l’original au génitif singulier, forme commune au masculin et au neutre ; il est donc difficile de savoir si l’on doit traduire « celui qui est malin » (masculin) ou « ce qui est malin » (neutre). Le mot signifie ordinairement : méchant, mauvais, et même criminel ou voyou. La tradition de l’Eglise Orthodoxe traduit « le malin », version plus concrète et plus précise que « le mal », version adoptée par l’Eglise Romaine à la suite de saint Jérôme (sed libera nos a malo). ( f )

On comprendra, je le souhaite, à la lecture de ce qui précéde, l’urgence d’une traduction correcte, fidèle, intelligente, de ce texte capital en français. Il est temps que les orthodoxes francophones, qui se veulent les chrétiens de la « juste glorification » aient enfin le courage de cette indispensable réforme …
Pour ce qui concerne notre Eglise Orthodoxe des Gaules, je propose la traduction suivante, très légèrement différente de celle que nous utilisons en ce moment :

Notre Père qui es aux cieux,
Que ton Nom soit sanctifié
Que ton Règne arrive,
(var. Que ton Règne vienne)
Que ta Volonté soit faite
sur la terre comme au ciel
(var. comme au ciel ainsi sur terre)

Donne-nous aujourd’hui notre pain substantiel
Et remets-nous nos dettes comme nous remettons à nos débiteurs,
Garde-nous de consentir à la tentation
mais délivre-nous du malin.

car c’est à Toi qu’appartiennent le règne la puissance et la gloire aux siècles des siècles. Amen ( g )


Pour information voici les textes du Notre Père en anglais et en allemand:
en Anglais (Bible Darby) ( Mt 6 : 9-15)

9 Our Father who art in the heavens, let thy name be sanctified,
10. let thy kingdom come, let thy will be done
as in heaven so upon the earth;
11. give us to-day our needed bread,
12. and forgive us our debts, as we also forgive our debtors,
13. and lead us not into temptation, but save us from evil.

en Allemand (Schlachter 1951) ( Mt 6 : 9-15)

9. Vater Unser, der du bist im Himmel ! Geheiligt werde dein Name.
10. Es komme dein Reich. Dein Wille geschehe
wie im Himmel, also auch auf Erden.
11. unser tägliches Brot Gib uns heute.
12. Und vergib uns unsere Schulden, wie auch wir vergeben unsern Schuldigern.
13. Und führe uns nicht in Versuchung, sondern erlöse uns von dem Bösen.
Denn dein ist das Reich und die Kraft und die Herrlichkeit in Ewigkeit! Amen.

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> a. un décalque n’est pas une traduction ; le décalque respecte l’ordre et le nombre des mots du texte original sans se soucier de la syntaxe.
> b. un des sens du mot grec « epiousion » []
> c. la meilleure étude sur ce sujet se trouve dans les travaux du Père Jean Carmignac (décédé en 1988) publiés dans un ouvrage capital Recherches sur le Notre Père, Letouzey et Ané. 1969

> d. déjà Origène (de oratione XXVII, 7-13), Saint Jérôme (com. in Titum 2, 14) et Saint Jean Cassien (Conf. IX, 21) ont émis les hypothèses que nous développons ici, ils ont été suivi par de nombreux autres Pères : Saint Jean Chrysostome, Saint Ambroise...

> e. pour les hébraïsants : forme Hiphil
> f. d’une façon générale les traductions françaises classiques sont faites sur le texte latin et non sur l’original grec.
> g. C’est encore loin du texte idéal mais, à mon sens, un notable progrès. Ce texte idéal - mais difficile à mettre en œuvre - serait par exemple :

Notre Père qui es aux cieux,
sanctifié soit ton Nom,
vienne ton Règne,
accompli soit ton Vouloir
comme au ciel ainsi sur terre.
Notre pain substantiel,
donne-le nous aujourd’hui,
et remets-nous nos dettes comme nous avons remis à nos débiteurs
garde de consentir à la tentation mais délivre-nous du malin.

(Traduction inspirée par les travaux de Marcel Jousse)

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Commentaire d'une lectrice

J'ai lu avec beaucoup d'intérêt les recherches sur la traductions française du Notre Père. Avec un recours au texte slavon et grec, j'ai également tenté une traduction, très littérale que voici :

Notre Père, qui est dans les cieux, que soit sanctifié ton nom.
Que vienne ton royaume.
Que soit ta volonté, comme dans le ciel et sur la terre.
Notre pain substantiel donne-nous aujourd’hui.
Et remets-nous nos dettes, comme nous aussi avons remis à nos débiteurs.
Et ne nous laisse pas entrer dans la tentation,
Mais délivre-nous du malin.

Peut-être peut-elle contribuer à ce travail. Personnellement, je préfère "royaume" à "règne", car tous les autres passages de l'évangile traduisent "royaume" : mon royaume n'est pas de ce monde, dans ton royaume, souviens-toi de moi...
enfin, pour la tentation, "ne nous laisse pas entrer" me semble plus clair en français.


Andrea

Commentaire extrait d'un essai sur l'angéologie

Aujourd'hui, si Satan ne fait pas partie de la profession de foi, le Credo des catholiques, il apparaît en revanche dans le Pater, le « Notre Père », la prière de tous les chrétiens, à la dernière phrase : Et ne nos inducas in tentationem, sed libéra nos a Malo, traduite de manière étonnante par « Et ne nous soumets pas à la tentation, mais délivre-nous du Mal », alors qu'elle signifie : « Ne nous laisse pas tomber dans la tentation, mais délivre-nous du Malin » puisque, dixit le catéchisme lui-même (1) : « Dans cette demande, le Mal n'est pas une abstraction, mais il désigne une personne, Satan, le Mauvais, l'ange qui s'oppose à Dieu »... Le Mal affiche un air plus présentable, plus discret et plus rationne] que le Malin, ce vieux diable velu dont la représentation dantesque : gigantesque, tricéphale, avec deux grandes «ailes sans plumes ressemblant à celles de la chauve-souris », qui « pleure par six yeux sur trois mentons où gouttent ses pleurs et sa sanglante bave (2) » a fini par disparaître des églises après les directives de bon goût émises par le concile de Trente en 1563.

Alix de Saint-André
in Archives des anges Folio Gallimard

1. Catéchisme de l'Église catholique, par. 2851, PIon/Mame.
2. Dante, La Divine Comédie, « L'Enfer », chant XXXIV.

1. cours faisant partie du cursus de l' Ecole de théologie Saint-Hilaire-de-Poitiers
2. Notre Père en araméen

Commentaire du Notre Père

     
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